Choisir avec soin et action climatique
Réduire les examens, traitements et interventions inutiles, pour le bien de la patientèle et de la planète.
Le secteur de la santé est responsable de près de 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle planétaire. Ces émissions proviennent d’une variété de sources, qu’on pense par exemple aux déchets médicaux générés durant la prestation des soins, aux gaz nocifs libérés durant certaines interventions, ou encore aux processus à forte intensité de carbone utilisés durant la fabrication des produits pharmaceutiques et d’autres produits de soins de santé.
Chaque examen, traitement ou intervention évitable est donc une occasion de contribuer à la santé de notre patientèle et de la planète. En éliminant les pratiques qui n’ajoutent aucune valeur aux soins, non seulement vous évitez les risques associés à la surutilisation, mais vous protégez aussi l’environnement. C’est là que résident les avantages connexes de Choisir avec soin.
La réduction des examens, traitements et interventions inutiles peut profiter à la planète de multiples façons :
Médicaments
Les médicaments ont une incidence sur l’environnement du début à la fin de leur cycle de vie, de la production à l’élimination en passant par le transport et l’utilisation. La fabrication pharmaceutique requiert souvent des produits chimiques, de l’énergie et de l’eau. Enjeu majeur : les produits pharmaceutiques s’accumulent dans les plans d’eau par contact avec des excréments humains et animaux et les procédés d’élimination déficients. Dans certains cas, les usines de traitement des eaux usées ne sont pas équipées pour extraire ces composés; des résidus pharmaceutiques persistent donc dans les rivières, les lacs et la nappe phréatique.
Examens
Les examens superflus peuvent contribuer aux émissions de GES par l’utilisation d’équipement, la consommation d’énergie et d’eau, les procédés de fabrication et la production de déchets.
Avec 1,2 million d’analyses effectuées chaque jour au Canada, les laboratoires représentent une part importante du système de santé. Les analyses nécessitent du matériel à usage unique –, éprouvettes, seringues et pipettes –, et les installations elles-mêmes sont très énergivores en raison de leur utilisation d’équipement spécialisé et leurs systèmes de ventilation et de contrôle de la température. Certes, beaucoup de ces analyses sont nécessaires, mais certaines sont prescrites machinalement ou automatiquement alors qu’elles sont inutiles. Les analyses de laboratoire superflues peuvent aussi générer des résultats faussement positifs et mener à des examens, à des interventions, à des aiguillages et à des traitements additionnels, ce qui accroît davantage les émissions de carbone.
Interventions
Les interventions inutiles nuisent à l’environnement parce qu’elles génèrent un volume additionnel de GES, consomment des ressources et de l’énergie, et génèrent des déchets.
Les interventions nécessitent le déplacement des malades à leurs rendez-vous – que ce soit en voiture, en autobus, en train, ou encore par voie aérienne pour les personnes habitant des collectivités nordiques et isolées. Ces moyens de transport émettent des GES, qu’on pourrait réduire en évitant les tests et interventions inutiles ou, lorsque la technologie est disponible et que la situation le permet, en recourant à la télémédecine ou à la médecine virtuelle. La surutilisation des interventions crée également des déchets excessifs. Cela peut comprendre les articles à usage unique, comme les aiguilles, les seringues, les trousses de tests, les gants, les blouses, les masques de protection, et les déchets médicaux.
Il existe des pratiques quotidiennes que nous pouvons arrêter ou réduire, qui n’ajoutent aucune valeur aux soins aux patients et nuisent à l’environnement. Les recommandations de Choosing Wisely Canada, qui tiennent compte des changements climatiques et qui ont été élaborées par plus de 20 sociétés de cliniciens, visent à améliorer la santé de la planète sans compromettre les soins aux patients.
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N’utilisez pas de desflurane lorsque d’autres médicaments et techniques anesthésiques sont aussi efficaces et moins dommageables pour l’environnement.
Les gaz anesthésiants possèdent un potentiel de réchauffement planétaire (PRP) important et représentent environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre au potentiel néfaste de l’hôpital moyen. Il faut toutefois noter que les gaz ne sont pas tous également nocifs. Ainsi, le desflurane est le gaz ayant le PRP le plus élevé, soit vingt fois celui du sévoflurane. De plus, lorsque ces gaz sont administrés à des débits de gaz frais égaux, l’incidence du desflurane sur l’environnement est environ 50 fois supérieure à celle du sévoflurane en raison de sa plus faible puissance d’action. Il est possible de prodiguer des soins sécuritaires et efficaces à la patientèle sans recourir au desflurane; on peut en effet envisager des options anesthésiques comme le sévoflurane, l’anesthésie par voie intraveineuse ou les techniques régionales, selon le contexte clinique et géographique. Les restrictions sur l’emploi du desflurane ont reçu l’appui de la Société canadienne des anesthésiologistes, de la Société américaine des anesthésiologistes et de la Fédération mondiale des sociétés d’anesthésiologistes.
L’élimination du desflurane est un changement efficace qui s’harmonise aux recommandations Choisir avec soin sur les pratiques environnementales. Recommandation #6.
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N’offrez pas le programme de réadaptation cardiaque exclusivement en établissement s’il est possible de l’offrir à domicile aux adultes qui ont fait un infarctus du myocarde, qui sont atteintes d’angine de poitrine ou d’insuffisance cardiaque ou qui ont subi une revascularisation.
La réadaptation cardiaque est essentielle au traitement de la patientèle atteinte de maladies cardiovasculaires. Elle se présente sous forme de programmes structurés qui améliorent le bien-être physique, psychologique et social des personnes atteintes de troubles précis ou à la suite d’un événement ou d’une intervention cardiovasculaire. Les programmes sont généralement offerts en établissement et comprennent un entraînement supervisé, de la sensibilisation aux comportements favorisant la santé cardiaque, des conseils nutritionnels, des techniques de gestion du stress et du soutien psychologique. Une revue systématique récente portant sur 24 essais menés auprès de 3 046 personnes participantes et comparant l’élaboration et l’évaluation de programmes à domicile, avec et sans recours à des supports numériques, aux programmes offerts en établissement n’a montré aucune différence entre les programmes à domicile et les programmes en établissement en ce qui a trait à la mortalité totale, à la capacité d’exercice et à la qualité de vie liée à la santé. Il est donc possible d’offrir un autre modèle de programme tout aussi efficace au domicile de certaines personnes tout en réduisant les déplacements.
Les paramètres des programmes de réadaptation cardiaque en établissement varient quant à leur fréquence, leur durée, et la distance que doit parcourir la patientèle,. On estime que la mise en place de programmes à domicile permettrait de réduire de 50 à 75 % les déplacements vers les établissements. Comme les transports constituent l’une des sources les plus importantes d’émissions de gaz à effet de serre au Canada, la conduite automobile représente donc une proportion non négligeable de l’empreinte carbone du pays. Par conséquent, il est essentiel de s’attaquer à ces émissions, notamment celles associées aux déplacements vers les établissements de soins de santé, pour atténuer les changements climatiques. Recommandation #8.
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N’achetez pas d’équipement ou de fournitures de laboratoire sans prendre en compte les conséquences environnementales, tout en veillant au maintien de la compétence diagnostique.
Les analyses de laboratoire contribuent de manière importante à l’empreinte carbone en raison des infrastructures nécessaires (p. ex., électricité, système CVC, eau) et des déchets qu’elles produisent (p. ex., déchets biodangereux, produits à usage unique en plastique). Par exemple, un laboratoire équipé de 10 analyseurs automatiques consomme suffisamment d’eau chaque année pour remplir une piscine olympique. Ce point est particulièrement important alors que les laboratoires automatisent leurs activités et élargissent leurs éventails d’analyses en se concentrant sur les cadences et les temps d’attente. Bien que les laboratoires individuels aient une influence sur certains facteurs contributifs, c’est la conception inhérente des instruments qui détermine largement l’empreinte carbone. C’est pourquoi il est essentiel que les laboratoires nouent des partenariats avec le secteur d’activité du diagnostic in vitro et exercent des pressions afin que le secteur améliore ses matériaux, ses équipements et ses logiciels pour rendre les analyses de laboratoire plus durables sur le plan environnemental. La médecine de laboratoire durable est un mouvement international en pleine expansion qui compte déjà quelques associations ayant publié des lignes directrices officielles dans ce domaine. Recommandation #11.
N’effectuez pas d’analyse délocalisée si les délais d’obtention des résultats des laboratoires centralisés sont cliniquement acceptables.
L’analyse délocalisée devrait être utilisée judicieusement, soit seulement dans les situations où elle peut influencer fortement les décisions de traitement immédiat et fournir un avantage net par rapport à l’analyse en laboratoire classique. Contrairement à sa version en laboratoire, l’analyse délocalisée peut générer plus fréquemment des résultats erronés, ce qui peut entraîner des erreurs dans le diagnostic et les décisions thérapeutiques ainsi que des interventions supplémentaires inutiles, ce qui fait augmenter les coûts et les déchets médicaux. Le recours par les analyses délocalisées aux plastiques à usage unique dérivés des combustibles fossiles ne produit pas seulement une quantité importante de déchets : elle entraîne aussi des risques pour la santé et l’environnement en raison des émissions toxiques générées par leur incinération. Recommandation #12.
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N’utilisez pas de gants si l’hygiène des mains suffit.
Hormis un certain nombre d’exceptions, il n’est pas nécessaire de porter des gants pour la plupart des interactions de soins de santé réguliers. Le recours inutile aux gants est une pratique courante qui entraîne une augmentation des coûts, des déchets et, potentiellement de façon involontaire, des taux de contamination croisée. Une étude aux Pays-Bas a révélé que les services de soins intensifs consommaient plus de 100 gants jetables par patient par jour, ce qui représente la plus grande empreinte carbone comparativement aux autres articles couramment utilisés. Recommandation #6.
Ne changez pas la tubulure du ventilateur ou la sonde endotrachéale du système de succion en circuit fermé, sauf s’ils sont visiblement sales.
Des études ont montré que des changements moins fréquents de la tubulure du ventilateur ou de la sonde endotrachéale du système de succion en circuit fermé entraînaient des taux égaux ou inférieurs de pneumonie associée à la ventilation mécanique. C’est pourquoi les lignes directrices actuelles suggèrent d’effectuer les changements au besoin plutôt que par prévention ou selon un calendrier de remplacement fixe. Recommandation #7.
S’ils doivent être jetés après le transfert ou le congé hospitalier des patientes et patients, ne stockez pas de fournitures ou de l’équipement en surplus dans les chambres de ces derniers.
Il est courant de jeter des fournitures médicales non utilisées aux services de soins intensifs, surtout après le transfert des patientes et patients. On a proposé des pratiques telles que le chariot de fourniture centralisé, le réapprovisionnement au besoin dans les chambres ou le stockage de médicaments d’urgence à un endroit fermé facilement accessible au personnel, ce qui permettrait de minimiser les déchets produits par les articles inutilisés. Recommandation #8.
Ne poursuivez pas l’administration d’un médicament par voie intraveineuse lorsque des options par voie orale ou entérale sont aussi sécuritaires et efficaces.
L’administration par voie intraveineuse d’un médicament exige de l’équipement supplémentaire comme des seringues, des tubulures ou des sacs IV, ce qui peut accroître l’empreinte carbone et nuire à la santé planétaire comparativement à l’administration par voie entérale. Des études ont révélé que l’administration d’antibiotiques par voie intraveineuse accroîtrait de 10 à 70 fois l’empreinte carbone comparativement à la forme orale équivalente. Plusieurs médicaments peuvent être aussi sûrs et efficaces lorsqu’administrés par voie entérale, notamment les antimicrobiens, les antisécrétoires gastriques, les antiépileptiques et les antidouleurs. Recommandation #9.
N’utilisez pas d’articles jetables à usage unique si une option réutilisable est accessible et moins gourmande en ressources.
De nombreuses études ont montré le coût environnemental généralement plus faible des équipements réutilisables par rapport aux équipements jetables à usage unique (McGain et McAlister, 2023). Certains exemples pertinents en contexte de soins intensifs sont les poignées et les lames de laryngoscopes (Sherman et coll., 2018), les brassards de tension artérielle (Sanchez, et coll., 2020), les oxymètres de pouls (Duffy et coll., 2023) et les blouses chirurgicales et champs opératoires (Overcash, 2012).L’avantage n’est toutefois pas universel pour tous les équipements ou tous les services de soins intensifs et dépend des pratiques locales, de la source d’électricité utilisée par l’hôpital et des pratiques de stérilisation (McGain et coll., 2012). Recommandation #10.
Cessez d’appliquer les mesures préventives d’isolement des malades (p. ex., visière, blouse, gants) dès qu’il est sécuritaire de le faire dans le respect des mesures prises par l’établissement en matière de prévention et de contrôle des infections.
Les fournitures nécessaires pour les mesures d’isolement contribuent aux déchets générés aux services des soins intensifs. L’élimination de mesures d’isolement qui ne sont plus nécessaires réduit ces déchets et donc l’empreinte carbone des services de soins intensifs. Recommandation #11.
Ne transférez pas une personne malade hors du service de soins intensifs sans réaliser un bilan des médicaments et retirer les ordonnances spécifiques aux services des soins intensifs qui ne sont plus indiquées.
La poursuite de la prise de médicaments superflus après le séjour d’une personne au service des soins intensifs l’expose à des risques et augmente l’empreinte carbone et la quantité de déchets générés. Les médicaments représentent une contribution importante à l’empreinte carbone des soins de santé en général comme aux services des soins intensifs. Recommandation #12.
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Ne tenez pas de consultation en personne lorsqu’une consultation en mode virtuel permettrait d’obtenir une valeur clinique équivalente et qu’il s’agit du mode privilégié par la personne traitée. Remarque : Cette recommandation s’applique là où des structures tarifaires de remboursement des soins virtuels sont en place.
Des données ont montré que la surveillance en mode virtuel de problèmes chroniques (par exemple, détecter les signes avant-coureurs de détérioration, fournir de la formation, prodiguer une thérapie cognitivo-comportementale) est sécuritaire et efficace. Une revue systématique n’a révélé aucune différence en ce qui a trait à la mortalité ou aux hospitalisations liées à l’insuffisance cardiaque, et une légère amélioration de la qualité de vie avec les soins virtuels. La surveillance en mode virtuel s’est également révélée légèrement plus efficace pour la régulation de la pression artérielle. En ce qui a trait aux effets de la thérapie chez les personnes atteintes de problèmes de santé mentale et de consommation de substances psychoactives, la prestation en mode virtuel ne présentait aucune différence comparativement à la prestation en personne. Enfin, la surveillance des maladies intestinales inflammatoires par télémédecine n’a permis d’observer aucune différence en ce qui a trait aux poussées de la maladie, à la qualité de vie ou aux interventions chirurgicales.
On peut diagnostiquer et traiter les infections urinaires non compliquées en se fondant uniquement sur les antécédents, sans qu’il soit nécessaire d’effectuer un test d’urine supplémentaire. En raison du peu de données probantes dont on dispose pour appuyer l’évaluation et le diagnostic de problèmes indéterminés, la présente recommandation ne s’applique pas à la majorité des consultations de diagnostic.
Les déplacements de la patientèle, des personnes en visite et du personnel vers les établissements de soins de santé seraient à l’origine de 10 % des émissions du système de santé publique (National Health Service – NHS) au Royaume-Uni. Recommandation #15.
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Ne tenez pas une consultation en personne pour des soins de gastroentérologie si une consultation en mode virtuel est possible, qu’elle est cliniquement appropriée (consultation de suivi régulière, passage en revue de résultats de biopsie normaux à la suite d’une endoscopie, etc.) et qu’il s’agit du mode privilégié par la personne traitée.
Un nombre croissant de documents montre que la prestation de soins de gastroentérologie par télémédecine peut être sécuritaire et efficace.
La conduite d’un véhicule motorisé fait partie des activités ayant une empreinte carbone élevée. Ainsi, les voitures émettent en moyenne 206 g de CO2 par kilomètre. À titre comparatif, un arbre mature métabolise environ 20 kg de CO2 par année, soit l’équivalent d’un trajet de moins de 100 km. De ce fait, les déplacements de la patientèle, des personnes en visite et du personnel vers les établissements de soins de santé seraient à l’origine de 10 % des émissions du système de santé publique (National Health Service – NHS) au Royaume-Uni. Ils sont donc l’un des grands facteurs contribuant aux émissions des soins de santé.
Une étude transversale regroupant plus de 10 millions de personnes et 63 millions de consultations en mode virtuel a été associée à 3,2 milliards de kilomètres de déplacements évités par la patientèle, soit l’équivalent de 545 à 658 millions de kilogrammes d’émissions de dioxyde de carbone et de 569 à 733 millions de dollars canadiens (465 à 599 millions de dollars américains) de dépenses liées à l’essence, au stationnement ou au transport en commun. Recommandation #12.
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N’ouvrez pas systématiquement tous les articles du chariot de cas, sauf si l’intervention l’exige.
Le gaspillage dans les blocs opératoires représente environ 70 % de tous les déchets produits en hôpital. En n’ouvrant pas les articles du chariot de cas avant que l’intervention l’exige, on peut diminuer la quantité d’articles ouverts et inutilisés, ce qui réduit les déchets produits en contexte opératoire. On économise ainsi de l’énergie en évitant de recourir à des processus énergivores de stérilisation et d’élimination des déchets. En outre, cette réduction des déchets chirurgicaux atténue les émissions de polluants et de gaz à effet de serre engendrés par la mise au rebut et la stérilisation. Recommandation #8.
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Ne remplacez pas les obturations encore fonctionnelles.
Les restaurations dentaires (obturations) s’abîment en raison d’une usure excessive, de fractures du matériau ou de la dent, de caries récurrentes ou d’une perte de rétention. Le fraisage pour enlever et remplacer les obturations peut affaiblir les dents et en réduire la durée de vie. Il faut réparer les petits défauts, mais l’âge d’une obturation ne devrait jamais servir de critère de remplacement.Les amalgames dentaires sont des produits dentaires sûrs, abordables et efficaces. Leur remplacement, si la restauration est par ailleurs saine ou réparable, est inutile, coûteux et peut entraîner l’absorption de petites doses de mercure par la personne. De plus, on sait que l’installation d’obturations en résine composite augmente temporairement les taux urinaires de bisphénol A, une substance dont on ne connaît pas les effets sur la santé. Des données probantes de grande qualité semblent indiquer que les résines composites sont moins durables que les restaurations faites d’amalgames.
Adopter une approche préventive de gestion des caries dentaires et mettre l’accent sur des restaurations conservatrices de longue durée lorsqu’elles sont réellement indiquées permettra de prodiguer des soins dentaires plus écoresponsables. Les produits dentaires ont des conséquences environnementales à chaque étape de leur durée de vie (fabrication, approvisionnement, utilisation clinique et élimination). C’est pourquoi l’emploi de digues en caoutchouc et de l’aspiration haut débit ainsi que la séparation obligatoire des résidus d’amalgames contribuent à la sécurité des personnes traitées et à la santé de la planète. Recommandation #5.
Ne tenez pas de consultation en personne si une consultation en mode virtuel permet de résoudre efficacement le problème de la personne traitée et qu’il s’agit d’un mode acceptable pour cette dernière (p. ex., lorsqu’il s’agit de transmettre verbalement les résultats négatifs d’une biopsie buccale, ou lorsque la fragilité ou la distance empêche la personne de se rendre à l’examen dentaire).
Les soins virtuels réduisent l’exposition des patientes et patients vulnérables aux infections fortuites et permettent d’éviter des déplacements inutiles. Ils offrent un accès plus rapide aux soins, surtout en présence de facteurs défavorables comme la distance, le handicap ou la fragilité. Les soins virtuels présentent également un bienfait connexe pour la santé planétaire. Les déplacements de la patientèle, des prestataires de soins et du personnel pour les rendez-vous dentaires représentent le plus grand pourcentage des émissions de carbone totales des cliniques dentaires. On peut réduire ces déplacements en combinant les consultations pour les membres d’une même famille, en réduisant la fréquence des rendez-vous selon le risque individuel et en faisant appel aux soins virtuels au besoin. Recommandation #7. -
Ne prescrivez pas d’aérosols-doseurs émetteurs de gaz à effet de serre puissants contre l’asthme ou la MPOC si un autre inhalateur à l’empreinte carbone inférieure (p. ex., inhalateur de poudre sèche, inhalateur brumisateur ou aérosol-doseur avec un gaz propulseur à faible potentiel d’effet de serre) contenant des médicaments au même profil d’efficacité est accessible, si la préférence de la personne a été prise en compte et si elle a fait preuve d’une technique adéquate.
Avant de prescrire ou de recommander des inhalateurs, les prestataires de soins de santé doivent s’assurer de la présence d’un diagnostic objectif confirmé d’asthme ou de MPOC pour réduire l’utilisation injustifiée d’inhalateurs et l’exposition individuelle. Lorsque l’utilisation des inhalateurs est indiquée, on doit tenir compte des facteurs propres à la personne qui reçoit les soins et de ses préférences pour déterminer si les inhalateurs à plus faible intensité de carbone (inhalateurs à poudre sèche ou inhalateurs brumisateurs) sont appropriés sur le plan clinique : ces deux derniers ont souvent la préférence de la patientèle et sont aussi efficaces que les aérosols-doseurs classiques. Une fois le dispositif choisi, veillez à ce que la personne soit adéquatement formée à la technique d’utilisation de l’inhalateur, et revoyez ponctuellement sa technique avec elle, puisqu’il a été montré que les programmes de formation à l’emploi des inhalateurs réduisent les taux d’exacerbation. En outre, des stratégies non pharmacologiques (p. ex, formation, évitement de l’exposition aux déclencheurs, plan d’action) devraient être incluses dans l’assistance respiratoire, puisqu’en plus d’améliorer l’évolution de l’état de santé, elles peuvent aussi prévenir l’utilisation de l’inhalateur de soulagement.
Les aérosols-doseurs classiques contiennent de l’hydrofluoroalcane comme gaz propulseur, une substance contribuant aux changements climatiques, représentent 0,03 % des émissions mondiales annuelles. C’est pourquoi prescrire des inhalateurs à faible empreinte carbone, lorsqu’indiqué sur le plan médical, veiller à ce que la personne ait une technique d’utilisation adéquate de l’inhalateur et intégrer des stratégies non pharmacologiques à l’assistance respiratoire peuvent mener à une meilleure évolution de l’état de santé avec des avantages environnementaux connexes. Recommandation #7.
Ne commencez ou ne maintenez pas l’utilisation de médicaments en l’absence d’indication ou lorsque les risques sont plus importants que les bienfaits.
Optimiser l’utilisation des médicaments aurait un effet positif sur les résultats cliniques des patientes et patients. En 2021, 25 % des personnes âgées canadiennes s’étaient vu prescrire 10 classes de médicament ou plus, entraînant une polypharmacie ainsi qu’une augmentation des coûts de soins de santé, des effets indésirables et des interactions potentielles. Réévaluer les ordonnances pour en éliminer les médicaments inutiles permet de réduire les incidents thérapeutiques, d’alléger le fardeau sur les soins de santé et d’améliorer la qualité des soins à la patientèle. S’attaquer à la polypharmacie améliore aussi l’efficacité et la viabilité à l’échelle de la patientèle et du système de santé. De plus, optimiser l’utilisation des médicaments réduit les déchets pharmaceutiques et les conséquences environnementales. En effet, les médicaments non utilisés et les déchets pharmaceutiques libèrent près de 100 000 millions de tonnes de CO2 chaque année. De fait, les médicaments comptent pour près du quart des émissions de carbone du secteur des soins de santé. En évitant de prescrire des médicaments inutiles ou non indiqués, les prestataires de soins de santé contribuent à réduire la demande mondiale en matières premières et en processus énergivores qu’exige la production pharmaceutique. Recommandation #8.Ne videz pas de produits pharmaceutiques ou chimiques dans les lavabos, les toilettes ou les drains et ne les jetez pas aux ordures.
Il est primordial d’éliminer adéquatement les médicaments afin de prévenir leur mésusage et leurs effets indésirables et de réduire au minimum les risques pour la santé. Moins de 1 % des gens rapportent leurs médicaments non utilisés, ce qui accroît le risque d’ingestion accidentelle par les enfants et les animaux de compagnie. De plus, jeter les médicaments dans la toilette, une méthode d’élimination répandue, présente des risques d’augmentation de la résistance aux antibiotiques et de contamination de l’eau potable. Enfin, l’élimination inappropriée introduit des résidus pharmaceutiques dans les systèmes de distribution d’eau, ce qui menace la vie aquatique. Dans ce contexte, la sensibilisation à l’élimination sécuritaire des médicaments et les mesures incitatives encourageant leur retour à des points de collecte désignés permettraient de réduire ces risques. La mise en place de mesures qui visent à réduire les déchets pharmaceutiques par des règlements sur le recyclage, comme ce fut le cas en Colombie-Britannique, souligne l’importance de se doter de stratégies globales pour réduire au minimum les dommages environnementaux. Recommandation #9.
N’imprimez pas les ordonnances ou le matériel didactique si les prestataires de soins de santé et la patientèle peuvent faire usage des communications numériques.
Des études ont montré qu’une consommation moindre de papier réduit les risques d’erreurs dans les ordonnances. Elle diminue également les déchets et le recyclage nécessaires, ce qui est avantageux pour l’environnement. Recommandation #10.
Ne portez pas des gants jetables si les pratiques standards d’hygiène des mains sont sécuritaires et suffisantes pour la désinfection.
Dans le milieu de la pharmacie, où le risque d’exposition aux fluides corporels et de transmission d’infections est faible, il suffit généralement d’adopter une bonne hygiène des mains, sans autre précaution supplémentaire, pour respecter les normes de sécurité dans la plupart des interactions courantes de soins. Ne portez donc pas de gants pour remplacer une bonne hygiène des mains ou lorsque l’hygiène des mains est suffisante à elle seule. Le personnel de la pharmacie devrait plutôt réserver le port de gants aux situations où il doit se protéger en raison du risque d’infection ou lorsqu’il doit respecter les normes ou les lignes directrices en matière de prévention et contrôle des infections et celles de l’Association nationale des organismes de réglementation de la pharmacie (ANORP). Les professionnels de la santé soucieux de la gérance environnementale devraient s’abstenir d’utiliser des gants en latex ou en nitrile s’ils ne sont pas médicalement nécessaires. En effet, en réduisant le plus possible le port de gants, on contribue à réduire les déchets associés aux fournitures médicales jetables, ainsi qu’aux efforts en matière d’écoresponsabilité des établissements de soins de santé. Il est estimé que 500 boîtes de gants émettent environ 2 tonnes de CO2. Par conséquent, limiter le port des gants est une mesure extrêmement efficace pour promouvoir la durabilité environnementale. Recommandation #11.
Ne poursuivez pas l’administration intraveineuse d’un médicament lorsqu’il est cliniquement approprié de passer à une thérapie orale.
Bien que l’administration intraveineuse (IV) puisse être requise pour les patientes et patients qui ne tolèrent pas la thérapie orale ou pour certains problèmes médicaux ou médicaments, la thérapie IV est associée à plusieurs complications, notamment : phlébite, thrombophlébite, infiltration, extravasation, infections liées à des cathéters ou des bactériémies, hématome, thrombose, douleur ou inconfort et hyperhydratation chez les patientes et patients ayant des restrictions liquidiennes comme celles et ceux qui ont une maladie rénale ou cardiaque. Le passage à une thérapie orale, s’il est cliniquement approprié, présente aussi d’autres bienfaits pour la patientèle, notamment : plus grande facilité de déplacement, meilleure qualité de vie (certaines personnes se sentent alors moins « médicalisées ») et congé hospitalier plus hâtif (ce qui réduit le risque d’infection nosocomiale). Les réductions des durées de séjour, des taux d’infection nosocomiale et des coûts liés aux médicaments et aux déchets (tubulure, sacs de solution intraveineuse périmés) figurent aussi parmi les bienfaits.
Bien que les analyses du cycle de vie de la plupart des médicaments ne soient pas largement diffusées, on estime que l’empreinte carbone des médicaments administrés par voie intraveineuse est plus importante que celle des médicaments administrés par voie orale, principalement en raison des matériaux d’emballage, des déchets plastiques, ainsi que de l’équipement requis pour leur administration et leur élimination. Le passage d’une administration IV à une administration orale réduit la durée du séjour hospitalier et potentiellement les conséquences environnementales. Recommandation #12.
N’utilisez pas de desflurane lorsque d’autres médicaments et techniques anesthésiques sont aussi efficaces et moins dommageables pour l’environnement.
Les gaz anesthésiants possèdent un potentiel de réchauffement planétaire (PRP) important et représentent environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre néfastes de l’hôpital moyen. Il faut toutefois noter que les gaz ne sont pas tous également nocifs. Ainsi, le desflurane est le gaz ayant le PRP le plus élevé, soit vingt fois celui du sévoflurane. De plus, lorsque ces gaz sont administrés à des débits de gaz frais égaux, l’incidence du desflurane sur l’environnement est environ 50 fois supérieure à celle du sévoflurane en raison de sa plus faible puissance d’action. Il est possible de prodiguer des soins sécuritaires et efficaces à la patientèle sans recourir au desflurane; on peut en effet envisager des options anesthésiques comme le sévoflurane, l’anesthésie par voie intraveineuse ou les techniques régionales, selon le contexte clinique et géographique. Les restrictions sur l’emploi du desflurane ont reçu l’appui de la Société canadienne des anesthésiologistes, de la Société américaine des anesthésiologistes et de la Fédération mondiale des sociétés d’anesthésiologistes. L’élimination du desflurane est un changement efficace qui s’harmonise aux recommandations Choisir avec soin sur les pratiques environnementales.Recommandation #13.
Ne jetez pas les médicaments qu’il serait approprié de redistribuer.
Une part importante des déchets pharmaceutiques produits en milieu hospitalier pourrait être réduite en redistribuant adéquatement les médicaments qui n’ont pas été utilisés1, 2. Une étude menée dans trois hôpitaux de l’autorité sanitaire Fraser a permis de montrer, grâce à une extrapolation de ses résultats, que la redistribution des médicaments en forme orale solide non utilisés dans 21 hôpitaux pourrait préserver environ 461 000 unités de médicaments de l’incinération, pour une valeur nette estimée à environ 415 000 $ par année. La redistribution des médicaments non utilisés réduira les conséquences environnementales associées au gaspillage de médicaments (élimination/incinération). Recommandation #14.
Ne maintenez pas la prise de médicaments lors des transitions hospitalières (admission, transfert et congé) à moins d’indication clinique.
Le maintien de la prise de médicaments superflus peut entraîner des effets indésirables potentiels et accroître leur consommation par la patientèle et les coûts pour cette dernière. Les résultats des revues des médicaments effectuées lors des transitions de soins dans les hôpitaux ont montré que ces revues réduisaient le nombre de retours à l’hôpital liés aux effets indésirables de médicaments, les visites aux services d’urgence et les réhospitalisations. Une étude a estimé que les activités intrahospitalière et les déplacements à l’établissement évités généraient une réduction de 110 tonnes de gaz à effet de serre émis, de 179 millions de m3 d’eau potable consommée et de 13 300 tonnes de déchets produits par les hospitalisations médicales. C’est pourquoi effectuer une revue des médicaments au cours du séjour à l’hôpital et optimiser la prise des médicaments pourrait réduire l’usage de ressources de soins de santé et ainsi les conséquences environnementales. Recommandation #15.
Ne prenez pas de décisions concernant les listes de médicaments sans tenir compte des conséquences environnementales.
L’intégration d’une optique de santé planétaire lors de la prise de décisions à l’échelle du système des pharmacies est bénéfique pour la santé de la population, puisqu’elle réduit les conséquences environnementales néfastes associées. Voici quelques exemples de gestes pour assurer une telle intégration : ajouter des médicaments ayant des conséquences environnementales moindres aux listes de médicament des hôpitaux; adopter des stratégies d’achats écoresponsables (comme simplifier les commandes et les livraisons de médicaments afin de réduire les émissions de carbone); veiller à ce que les politiques d’approvisionnement en médicaments intègrent des fabricants, des fournisseurs et des distributeurs qui se sont engagés envers la durabilité et, si possible, qu’elles leur accordent la priorité. Recommandation #16.
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Ne prescrivez pas d’antibiotiques intraveineux (IV) si la personne traitée peut l’être sans danger avec une option orale, l’empreinte carbone des antibiotiques intraveineux étant supérieure.
On commence à obtenir des données probantes montrant que les problèmes de santé habituellement traités par une antibiothérapie prolongée par voie IV, tels que l’ostéomyélite ou l’endocardite infectieuse, peuvent être traités sans danger par des antibiotiques PO à la suite d’une période préliminaire de traitement IV. Des études menées au Royaume-Uni ont estimé que l’empreinte carbone des antibiotiques par voie orale pouvait être inférieure de 90 % à celle des antibiotiques par voie IV, selon l’antibiotique; ainsi, un traitement d’une semaine de ciprofloxacine administré par voie orale est associé à 1,4 kg d’éq. CO2 (6,8 km en voiture), comparativement 100,1 kg d’éq. CO2 (485,9 km en voiture) pour le traitement par voie intraveineuse. Le même groupe a aussi participé à un projet de transition rapide vers un antimicrobien oral qui a permis d’économiser 300 000 livres sterling (ou environ 450 000 dollars canadiens) par année. Chez la patientèle sous antibiotiques IV, une transition rapide aux antibiotiques par voie orale a comme avantage connexe supplémentaire de réduire la durée du séjour à l’hôpital et du traitement ainsi que les besoins en soins infirmiers, en plus de diminuer l’empreinte carbone. Recommandation #12.
Ne prescrivez pas d’héparine ou d’héparine de bas poids moléculaire si les options orales sont efficaces, si elles sont l’option préférée de la personne traitée et si elles sont jugées sécuritaires par le médecin prescripteur.
Les associations de spécialistes appuient l’utilisation d’anticoagulants oraux comme traitement initial de bon nombre de pathologies. Les données suggèrent aussi que la patientèle préfère les anticoagulants oraux aux préparations sous-cutanées (le plus souvent des héparinoïdes), la voie orale étant jugée plus facile d’utilisation, moins douloureuse et moins coûteuse. Par ailleurs, les héparinoïdes sont aussi des médicaments à forte intensité de carbone. La seule source d’héparine approuvée par Santé Canada est la muqueuse de porc, l’héparine ne pouvant pas être synthétisée en laboratoire. Il faut élever environ 1,1 milliard de porcs chaque année pour répondre à la demande mondiale. On estime que 1 kg de muqueuse intestinale produira de 160 à 260 mg d’héparine brute. Or, l’empreinte carbone pour élever à maturité un porc producteur d’héparine est de 6,1 kg d’éq. CO2 (30 km en voiture) par kilogramme de porc, soit 668 millions de tonnes d’éq. CO2 par année (plus de 3 billions de km en voiture). Les fabricants d’héparine restent évasifs sur le sort des sous-produits des porcs producteurs d’héparine. On ignore donc s’ils sont utilisés par l’industrie alimentaire. Les conséquences environnementales associées à l’abattage, à la transformation, au transport et au conditionnement n’ont pas fait l’objet de publications, mais elles s’ajoutent à l’empreinte carbone déjà considérable de l’héparine. Recommandation #13.
Ne prescrivez pas d’aérosols-doseurs émetteurs de gaz à effet de serre puissants contre l’asthme ou la MPOC si un autre inhalateur à l’empreinte carbone inférieure (p. ex., inhalateur de poudre sèche, inhalateur brumisateur ou aérosol-doseur avec un gaz propulseur à faible potentiel d’effet de serre) contenant des médicaments au même profil d’efficacité est accessible, si la préférence de la personne a été prise en compte et si elle a fait preuve d’une technique adéquate.
Les aérosols-doseurs classiques contiennent de l’hydrofluoroalcane, un gaz à effet de serre puissant qui sert à propulser l’ingrédient actif à partir du dispositif d’inhalation. Selon le type et le volume de gaz propulseur utilisé, ils émettent de 9,7 kg d’éq. CO2 (47,1 km en voiture) à 34,8 kg d’éq. CO2 (168,9 km en voiture). Les inhalateurs à poudre sèche et les inhalateurs brumisateurs ne contiennent pas de gaz propulseur et ont par conséquent une intensité en carbone inférieure (< 1 kg d’éq. CO2 ou 5 km en voiture). La patientèle considère d’ailleurs les conséquences environnementales du dispositif comme un critère important pour le choix d’un inhalateur. Recommandation #14.
Ne recommandez pas et ne prescrivez pas des examens ou des interventions avant d’avoir discuté avec la personne traitée de ses attentes face à l’évolution de sa santé et à son espérance de vie et discuté de ses préférences, de ses valeurs et de ses objectifs de soins.
Les interventions qui ne correspondent pas aux objectifs de la personne traitée entraînent des conséquences environnementales superflues. Veiller à ce que le milieu de soin soit en harmonie avec les objectifs de cette personne a une grande influence sur l’empreinte carbone d’une hospitalisation. Ainsi, un service de soins de courte durée (lits d’hôpital) produit 5,5 kg de déchets solides et 45 kg d’éq. CO2 (218 km en voiture) par jour d’hospitalisation, comparativement à 7,1 kg de déchets solides et 138 kg d’éq. CO2 (670 km en voiture) pour un service de soins intensifs. En intégrant le dépistage systématique des troubles cognitifs et de la fragilité chez la patientèle âgée (une intervention clinique de grande valeur et faible en carbone), l’interniste peut révéler la démence et discuter des risques de fragilité avec la personne traitée et ses personnes proches aidantes, ce qui incite davantage de personnes à choisir une prise en charge conservatrice qui correspond mieux à leur pronostic et à leurs objectifs, ce qui permet de réduire le nombre de jours passés en soins actifs. Recommandation #15
Ne poursuivez pas l’administration de médicaments sans confirmer la présence d’une indication clinique appropriée, surtout pour les sédatifs, les inhibiteurs de la pompe à protons et les inhalateurs.
Les médicaments avec et sans ordonnance sont responsable de 25 % des émissions de carbone du système de santé canadien (1), surtout en raison des effets environnementaux de la chaîne d’approvisionnement et de distribution. La polypharmacie et la surprescription sont fréquentes et préjudiciables, particulièrement chez les personnes âgées atteintes de multiples maladies concomitantes (2). Les catégories de médicament présentant le plus de risques et qui sont souvent mal prescrites sont les opioïdes, les gabapentinoïdes, les antipsychotiques, les somnifères et sédatifs et les IPP (3). Il a été démontré qu’il est sûr et efficace de retirer l’ordonnance de ces médicaments au congé hospitalier (3). Recommandation #16
Ne demandez pas systématiquement des analyses sanguines pour les personnes hospitalisées si les résultats de ces analyses n’ont aucune incidence sur la prise en charge.
La réalisation d’une FSC et d’un dosage des électrolytes produit 0,3597 kg d’équivalents CO2 (1,75 km parcouru en voiture) (1). Les analyses sanguines quotidiennes changent rarement les issues pour les personnes malades, les exposent à des préjudices (douleur associée à la ponction veineuse, réveil) et sont associées à des issues négatives, comme l’anémie et le besoin de transfusion (2). Il est possible d’arrêter les analyses sanguines répétées et systématiques grâce à des interventions ciblées sans augmenter les issues comme la réadmission, l’admission aux services des soins intensifs ou la mortalité (2). Recommandation #17
Ne portez pas de gants jetables si les pratiques standards d’hygiène des mains sont suffisantes.
Le port de gants est superflu pour la plupart des interactions de soins courantes et n’est habituellement pas nécessaire à moins d’un contact prévu avec du sang, des liquides corporels, des sécrétions et des excrétions, des muqueuses, des blessures en drainage ou de la peau non intacte (1,2,3). Un groupe du Royaume-Uni a calculé qu’en moyenne, 107 gants non stériles sont utilisés par personne hospitalisée chaque jour au service des soins intensifs, ce qui représente une quantité excessive de déchets superflus (3). Comme l’empreinte carbone d’un seul gant est estimée à 0,026 kg de CO2, on parle d’une empreinte carbone de 2,7 kg d’équivalents CO2 par jour (13,5 km parcourus en voiture) (4). Recommandation #18
Ne planifiez pas de suivi en personne si une consultation virtuelle est appropriée sur le plan clinique et préférée par la personne qui consulte.
Les soins virtuels sont une solution sûre, efficace et plus écologique aux consultations traditionnelles en cabinet pour de nombreuses affections chroniques, comme l’hypertension, le diabète et la prise en charge de la fragilité ou les soins aux aînés (1,2,3). En 2021, au Canada, les soins virtuels ont contribué à une réduction estimée de 330 000 tonnes métriques de CO2 (4). Une étude s’intéressant aux répercussions environnementales de la télémédecine en Ontario a estimé que 185 159 kg d’équivalents CO2 ou 757 234 km parcourus en voiture ont été évités par la réalisation de 840 consultations virtuelles sur une période de six mois. Dans de nombreuses provinces, la rémunération est la même pour les soins virtuels et les soins en personne (5). Recommandation #19
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N’effectuez pas d’analyse délocalisée si les délais d’obtention des résultats des laboratoires centralisés sont cliniquement acceptables.
L’analyse délocalisée devrait être utilisée judicieusement, soit seulement dans les situations où elle peut influencer fortement les décisions de traitement immédiat et fournir un avantage net par rapport à l’analyse en laboratoire classique. Contrairement à sa version en laboratoire, l’analyse délocalisée peut générer plus fréquemment des résultats erronés, ce qui peut entraîner des erreurs dans le diagnostic et les décisions thérapeutiques ainsi que des interventions supplémentaires inutiles, ce qui fait augmenter les coûts et les déchets médicaux. Le recours par les analyses délocalisées aux plastiques à usage unique dérivés des combustibles fossiles ne produit pas seulement une quantité importante de déchets : elle entraîne aussi des risques pour la santé et l’environnement en raison des émissions toxiques générées par leur incinération. Recommandation #8.
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Cessez l’administration de médicaments intraveineux (IV) lorsqu’une option orale ou entérale est aussi sûre et efficace.
L’administration de médicaments par voie intraveineuse nécessite de l’équipement supplémentaire, comme des seringues, de la tubulure IV et des sacs pour perfusion IV, ce qui génère beaucoup plus de déchets que l’administration par voie entérale. La recherche montre que les antibiotiques par voie IV ont une empreinte carbone plus élevée que les antibiotiques par voie orale. De nombreux médicaments, y compris les antimicrobiens, les antiacides, les antiépileptiques et les antidouleurs sont tout aussi sûrs et efficaces lorsqu’ils sont administrés par voie entérale. De plus, la réduction de l’administration IV peut abaisser le risque de complications associé à cette voie d’administration, comme la phlébite, la thrombophlébite, l’infiltration, l’extravasation, les infections associées aux cathéters, les hématomes et la thrombose. La préconisation du passage d’une administration par voie IV à une administration par voie orale lorsque c’est approprié sur le plan clinique, a des avantages pour les personnes malades sur les plans de la mobilité et de la qualité de vie et en permettant d’obtenir le congé hospitalier plus tôt. Cette approche réduit les infections nosocomiales, la durée des séjours à l’hôpital, le coût des médicaments et les déchets. Recommandation #10.
N’apportez pas de fournitures de surplus dans les chambres des malades si ces fournitures doivent être jetées lorsque la personne sera transférée ou recevra son congé.
Il est courant de jeter les fournitures médicales inutilisées lors du transfert d’une personne malade. Pour réduire au minimum les déchets produits, une pratique suggérée est de mettre en place des chariots centralisés de fournitures, de renouveler les stocks dans les chambres au besoin seulement et de garder les médicaments d’urgence accessibles, mais non ouverts. Recommandation #11.
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Ne prescrivez pas d’aérosols-doseurs émetteurs de gaz à effet de serre puissants contre l’asthme ou la MPOC si un autre inhalateur à l’empreinte carbone inférieure (p. ex., inhalateur de poudre sèche, inhalateur brumisateur ou aérosol-doseur avec un gaz propulseur à faible potentiel d’effet de serre) contenant des médicaments au même profil d’efficacité est accessible, si la préférence de la personne a été prise en compte et si elle a fait preuve d’une technique adéquate.
Avant de prescrire ou de recommander des inhalateurs, les prestataires de soins de santé doivent s’assurer de la présence d’un diagnostic objectif confirmé d’asthme ou de MPOC pour réduire l’utilisation injustifiée d’inhalateurs et l’exposition individuelle. Lorsque l’utilisation des inhalateurs est indiquée, on doit tenir compte des facteurs propres à la personne qui reçoit les soins et de ses préférences pour déterminer si les inhalateurs à plus faible intensité de carbone (inhalateurs à poudre sèche ou inhalateurs brumisateurs) sont appropriés sur le plan clinique : ces deux derniers ont souvent la préférence de la patientèle et sont aussi efficaces que les aérosols-doseurs classiques. Une fois le dispositif choisi, veillez à ce que la personne soit adéquatement formée à la technique d’utilisation de l’inhalateur, et revoyez ponctuellement sa technique avec elle, puisqu’il a été montré que les programmes de formation à l’emploi des inhalateurs réduisent les taux d’exacerbation. En outre, des stratégies non pharmacologiques (p. ex, formation, évitement de l’exposition aux déclencheurs, plan d’action) devraient être incluses dans l’assistance respiratoire, puisqu’en plus d’améliorer l’évolution de l’état de santé, elles peuvent aussi prévenir l’utilisation de l’inhalateur de soulagement.
Les aérosols-doseurs classiques contiennent de l’hydrofluoroalcane comme gaz propulseur, une substance contribuant aux changements climatiques, représentent 0,03 % des émissions mondiales annuelles. C’est pourquoi prescrire des inhalateurs à faible empreinte carbone, lorsqu’indiqué sur le plan médical, veiller à ce que la personne ait une technique d’utilisation adéquate de l’inhalateur et intégrer des stratégies non pharmacologiques à l’assistance respiratoire peuvent mener à une meilleure évolution de l’état de santé avec des avantages environnementaux connexes. Recommandation #7.
Ne commencez ou ne maintenez pas l’utilisation de médicaments en l’absence d’indication ou lorsque les risques sont plus importants que les bienfaits.
Optimiser l’utilisation des médicaments aurait un effet positif sur les résultats cliniques des patientes et patients. En 2021, 25 % des personnes âgées canadiennes s’étaient vu prescrire 10 classes de médicament ou plus, entraînant une polypharmacie ainsi qu’une augmentation des coûts de soins de santé, des effets indésirables et des interactions potentielles. Réévaluer les ordonnances pour en éliminer les médicaments inutiles permet de réduire les incidents thérapeutiques, d’alléger le fardeau sur les soins de santé et d’améliorer la qualité des soins à la patientèle. S’attaquer à la polypharmacie améliore aussi l’efficacité et la viabilité à l’échelle de la patientèle et du système de santé. De plus, optimiser l’utilisation des médicaments réduit les déchets pharmaceutiques et les conséquences environnementales. En effet, les médicaments non utilisés et les déchets pharmaceutiques libèrent près de 100 000 millions de tonnes de CO2 chaque année. De fait, les médicaments comptent pour près du quart des émissions de carbone du secteur des soins de santé. En évitant de prescrire des médicaments inutiles ou non indiqués, les prestataires de soins de santé contribuent à réduire la demande mondiale en matières premières et en processus énergivores qu’exige la production pharmaceutique. Recommandation #8.
Ne videz pas de produits pharmaceutiques ou chimiques dans les lavabos, les toilettes ou les drains et ne les jetez pas aux ordures.
Il est primordial d’éliminer adéquatement les médicaments afin de prévenir leur mésusage et leurs effets indésirables et de réduire au minimum les risques pour la santé. Moins de 1 % des gens rapportent leurs médicaments non utilisés, ce qui accroît le risque d’ingestion accidentelle par les enfants et les animaux de compagnie. De plus, jeter les médicaments dans la toilette, une méthode d’élimination répandue, présente des risques d’augmentation de la résistance aux antibiotiques et de contamination de l’eau potable. Enfin, l’élimination inappropriée introduit des résidus pharmaceutiques dans les systèmes de distribution d’eau, ce qui menace la vie aquatique. Dans ce contexte, la sensibilisation à l’élimination sécuritaire des médicaments et les mesures incitatives encourageant leur retour à des points de collecte désignés permettraient de réduire ces risques. La mise en place de mesures qui visent à réduire les déchets pharmaceutiques par des règlements sur le recyclage, comme ce fut le cas en Colombie-Britannique, souligne l’importance de se doter de stratégies globales pour réduire au minimum les dommages environnementaux. Recommandation #9.
N’imprimez pas les ordonnances ou le matériel didactique si les prestataires de soins de santé et la patientèle peuvent faire usage des communications numériques.
Des études ont montré qu’une consommation moindre de papier réduit les risques d’erreurs dans les ordonnances. Elle diminue également les déchets et le recyclage nécessaires, ce qui est avantageux pour l’environnement. Recommandation #10.
Ne portez pas des gants jetables si les pratiques standards d’hygiène des mains sont sécuritaires et suffisantes pour la désinfection.
Dans le milieu de la pharmacie, où le risque d’exposition aux fluides corporels et de transmission d’infections est faible, il suffit généralement d’adopter une bonne hygiène des mains, sans autre précaution supplémentaire, pour respecter les normes de sécurité dans la plupart des interactions courantes de soins. Ne portez donc pas de gants pour remplacer une bonne hygiène des mains ou lorsque l’hygiène des mains est suffisante à elle seule. Le personnel de la pharmacie devrait plutôt réserver le port de gants aux situations où il doit se protéger en raison du risque d’infection ou lorsqu’il doit respecter les normes ou les lignes directrices en matière de prévention et contrôle des infections et celles de l’Association nationale des organismes de réglementation de la pharmacie (ANORP). Les professionnels de la santé soucieux de la gérance environnementale devraient s’abstenir d’utiliser des gants en latex ou en nitrile s’ils ne sont pas médicalement nécessaires. En effet, en réduisant le plus possible le port de gants, on contribue à réduire les déchets associés aux fournitures médicales jetables, ainsi qu’aux efforts en matière d’écoresponsabilité des établissements de soins de santé. Il est estimé que 500 boîtes de gants émettent environ 2 tonnes de CO2. Par conséquent, limiter le port des gants est une mesure extrêmement efficace pour promouvoir la durabilité environnementale. Recommandation #11.
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Ne jetez pas les équipements d’adaptation, comme les aides à la mobilité, les orthèses et les prothèses, s’ils peuvent être réutilisés ou recyclés.
En médecine de réadaptation, il est courant de jeter des équipements d’adaptation comme les orthèses, les prothèses et les aides à la mobilité (comme les fauteuils roulants ou les déambulateurs) qui n’ont pas encore atteint la fin de leur vie utile. Malgré quelques efforts du secteur pour promouvoir la réutilisation et le recyclage de ces articles, il est probable qu’il subsiste toujours un décalage important dans la communication entre la patientèle et les prestataires de soins de santé sur l’importance de ces pratiques. Au-delà de ses avantages environnementaux, la réutilisation bénéficie à la patientèle en améliorant l’accès à des équipements vitaux qu’elle aurait autrement de la difficulté à se payer ou à obtenir. En effectuant de la sensibilisation et en mettant en place des mesures pour prolonger l’utilité des équipements adaptés ou réutiliser leurs composantes, on ne fait pas que réduire les déchets : on offre également un soutien continu au parcours de réadaptation de ces personnes, à l’échelle locale et mondiale. Recommandation #7.
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Ne tenez pas systématiquement de consultations en personne pour des soins psychiatriques lorsqu’une consultation virtuelle est cliniquement appropriée et qu’il s’agit d’un mode acceptable pour la personne traitée. Ce point est d’une pertinence accrue si de telles consultations nécessitent un déplacement long ou difficile pour la personne traitée ou le prestataire de soins de santé.
Un volume croissant de données montre que la prestation en mode virtuel de soins de santé mentale peut être aussi sécuritaire et efficace que les soins en personne.
La conduite automobile fait partie des activités ayant une empreinte carbone élevée. En effet, les voitures émettent en moyenne 206 g de CO2 par kilomètre. À titre comparatif, un arbre mature métabolise environ 20 kg de CO2 par année, soit l’équivalent d’un trajet de moins de 100 km. De ce fait, les déplacements de la patientèle, des personnes en visite et du personnel vers les établissements de soins de santé seraient à l’origine de 10 % des émissions du système de santé publique (National Health Service – NHS) au Royaume-Uni. Ils sont donc l’un des grands facteurs contribuant aux émissions des soins de santé.
Une étude transversale regroupant plus de 10 millions de personnes et 63 millions de consultations en mode virtuel a été associée à 3,2 milliards de kilomètres de déplacements évités par la patientèle, soit l’équivalent de 545 à 658 millions de kilogrammes d’émissions de dioxyde de carbone et de 569 à 733 millions de dollars canadiens (465 à 599 millions de dollars américains) de dépenses liées à l’essence, au stationnement ou au transport en commun. Recommandation #13.
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Ne prescrivez pas de traitements de radiothérapie de longue durée lorsque les données probantes appuient l’équivalence d’un schéma d’irradiation hypofractionnée ou de plus courte durée.
Il a été démontré que des schémas d’irradiations hypofractionnée ou de plus courte durée peuvent être aussi efficaces et sécuritaires pour les cancers métastatiques que les schémas classiques de plus longue durée. En réduisant le nombre de traitements, on réduit aussi les déplacements de la personne et le temps d’utilisation de l’appareil, et, par voie de conséquence, les émissions de carbone et la consommation d’électricité pour la radiothérapie. Recommandation #12.
L’Association canadienne de radio-oncologie
Ne planifiez pas plusieurs visites étalées sur plusieurs jours pour les personnes qui ont des traitements de radiothérapie s’il est possible de les coordonner en un seul déplacement.
Les déplacements de la patientèle et du personnel aux centres de radiothérapie produisent une part importante de l’empreinte carbone associée à la prestation de la radiothérapie. Les établissements étant centralisés dans les grandes agglomérations, les transports en commun sont généralement accessibles. Le transport actif étant associé à de nombreux bienfaits connexes pour la santé, les centres de soins de santé devraient s’assurer de la présence d’infrastructures facilitatrices (p. ex., douches, entreposage sécuritaire des vélos). Aussi, les centres établis dans des collectivités dotées de transports en commun devraient inciter leur patientèle à les emprunter, tandis que ceux dans des collectivités qui en sont dépourvus devraient militer pour ce service. Recommandation #13.
L’Association canadienne de radio-oncologie
L’imagerie étant un secteur à forte intensité de carbone, n’effectuez pas d’examens d’imagerie superflus en contexte d’efficacité clinique aux fins de stadification, de planification, de traitement ou de confirmation.
On évalue que l’imagerie médicale serait responsable d’environ 1 % des émissions mondiales de GES. Par exemple, on estime qu’une seule IRM de l’abdomen génère des émissions équivalentes à la conduite d’un véhicule motorisé sur près de 300 kilomètres. Voici les besoins énergétiques et les émissions de carbone pour une année associés aux examens réalisés couramment en ordre croissant : système d’échographie (2500 kWh, 0,74 t d’éq. CO₂), tomodensitomètre (20 000 à 35 000 kWh, 5,9 à 10,4 t d’éq. CO₂), appareil TEP-TDM (52 000 kWh, 15,4 t d’éq. CO₂) et appareil à IRM (80 000 à 170 000 kWh, 23,7 à 50,3 t d’éq. CO₂). On dispose actuellement de peu de données concernant l’imagerie embarquée et l’entreposage des clichés, mais il s’agit d’un domaine de recherche actif. Recommandation #14.
L’Association canadienne de radio-oncologie
N’utilisez pas d’articles à usage unique dans les cliniques et les services de curiethérapie s’il existe des options recyclables ou réutilisables.
Les déchets des hôpitaux et des cliniques sont transportés vers des sites d’enfouissement ou incinérés, ce qui génère d’importantes émissions de GES. Choisir des articles réutilisables (p. ex., blouses, champs opératoires) ou des produits recyclables (p. ex., masques, enveloppes de stérilisation) au lieu de produits à incinérer permet de réduire considérablement les émissions de carbone. Une élimination adéquate des déchets médicaux (p. ex., ne pas contaminer les matières recyclables avec des substances comportant un biorisque) est également essentielle. À cette fin, les prestataires de soins de santé sont encouragés à participer aux vérifications des matières résiduelles cliniques de leur service. Recommandation #15.
L’Association canadienne de radio-oncologie
Ne tenez pas de consultation en personne pour des soins d’oncologie lorsqu’une consultation en mode virtuel peut être réalisée sécuritairement, qu’elle est cliniquement appropriée (p. ex., aucun examen physique n’est nécessaire ou on ne transmet pas de mauvaise nouvelle ou de mise à jour importante) et qu’il s’agit du mode préféré de la personne traitée.
Il existe plusieurs guides sur l’utilisation des soins virtuels en oncologie. Tous insistent sur l’importance d’un triage approprié et calculé afin de maximiser la sécurité et l’équité. Or, les déplacements constituent la plus importante source d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Par exemple, les voitures émettent en moyenne 206 g de CO2 par kilomètre. C’est pourquoi le recours aux soins virtuels peut atténuer les changements climatiques en permettant de prodiguer des soins à distance. Ces soins sont également associés à des économies de coûts considérables pour le système ainsi qu’à un meilleur accès à celui-ci. De plus, diverses études ont montré que les consultations en mode virtuel sont aussi associées à une réduction importante des émissions de CO2 et à des économies pour la patientèle. Recommandation #16.
Recommandation commune : l’Association canadienne des oncologues médicaux, l’Association canadienne de radio-oncologie la Société canadienne d’oncologie chirurgicale
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Ne jetez pas les emballages non contaminés dans les contenants pour déchets contaminés.
L’incinération à haute température produit plus d’émissions de CO2 que l’incinération à basse température . En effet, l’élimination des déchets cliniques biodangereux par incinération à haute température génère une empreinte carbone de 1 074 kg d’éq. CO₂ par tonne comparativement à une empreinte de 172 à 249 kg d’éq. CO₂ par tonne pour les déchets réguliers incinérés à basse température et une empreinte de 21 à 65 kg d’éq. CO₂ pour le recyclage. Diverses études ont montré que les arthroplasties primaires produisaient entre 5,2 kg et 6,2 kg de déchets non contaminés en moyenne. C’est pourquoi la mise en place de pratiques appropriées de tri des matières non contaminées réduira les conséquences mondiales des émissions sur l’environnement. Recommandation #17.
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Ne placez pas d’instruments chirurgicaux inutiles ou rarement utilisés dans les plateaux chirurgicaux pour les interventions courantes en oto-rhino-laryngologie.
L’optimisation des plateaux peut contribuer à réduire le gaspillage engendré par les instruments chirurgicaux réutilisables et les fournitures médicales jetables lors des interventions. Un plateau optimisé n’inclut que les instruments chirurgicaux et les fournitures nécessaires; on en a retiré tous ceux qui ne sont jamais ou rarement utilisés. Pour un hôpital, les projections entourant l’optimisation des plateaux pour les amygdalectomies et les adénoamygdalectomies évaluent la réduction annuelle des déchets à 1,48 tonne et les économies sur les coûts annuels d’élimination des déchets à 830 $ (Penn et coll.). Une étude menée en 2023 au Royaume-Uni sur les cinq interventions chirurgicales les plus courantes a révélé que les produits avec l’empreinte carbone la plus élevée pour l’amygdalectomie comprenaient les champs absorbants pour tables d’instruments, les tubulures de succion à usage unique et les contenants réutilisables pour ensembles d’amygdalectomie (Rizan et coll.) Dans la documentation sur l’oto-rhino-laryngologie et la chirurgie cervico-faciale, la plupart des études sur l’optimisation des plateaux d’instruments portaient sur les éléments suivants : réduction de la taille du plateau, amélioration des indicateurs d’efficacité des blocs opératoires, réduction des délais de roulement et du temps d’utilisation du bloc opératoire, réduction des temps de préparation et de réapprovisionnement des plateaux et réductions des coûts et réalisation d’économies. On peut alors extrapoler les réductions de l’empreinte carbone à partir de ces résultats, mais elles ne sont pas indiquées explicitement dans les présentes études. Recommandation #10.
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Ne prescrivez pas d’aérosols-doseurs émetteurs de gaz à effet de serre puissants contre l’asthme ou la MPOC si un autre inhalateur à l’empreinte carbone inférieure (p. ex., inhalateur de poudre sèche, inhalateur brumisateur ou aérosol-doseur avec un gaz propulseur à faible potentiel d’effet de serre) contenant des médicaments au même profil d’efficacité est accessible, si la préférence de la personne a été prise en compte et si elle a fait preuve d’une technique adéquate.
Les aérosols-doseurs contiennent des hydrofluorocarbures propulseurs qui contribuent au réchauffement climatique. Lorsqu’ils prescrivent des inhalateurs, les prestataires de soins de santé doivent déterminer si un diagnostic d’asthme ou de MPOC a été établi ou doit être confirmé, conformément aux recommandations Choisir avec soins de la Société canadienne de thoracologie en vigueur (recommandations 1 et 5). En outre, un choix optimal des agents de l’inhalateur de contrôle et des stratégies non pharmacologiques (p. ex., éducation, évitement de l’exposition aux déclencheurs, plan d’action) devrait toujours faire partie de la gestion thérapeutique des voies respiratoires, puisque ceux-ci ne font pas qu’améliorer l’évolution de l’état de santé; ils peuvent aussi aider à réduire l’utilisation de l’inhalateur.
Pour certaines personnes, l’utilisation d’un inhalateur à faible empreinte carbone pourrait ne pas être appropriée (p. ex., chez les enfants d’âge préscolaire, chez les personnes ayant certaines limites cognitives ou atteintes de maladie pulmonaire en phase terminale, de faiblesse musculaire ou d’autres limites physiques, et lors d’urgences respiratoires). D’autres personnes pourraient simplement préférer les aérosols-doseurs classiques. En définitive, qu’il s’agisse de commencer l’utilisation d’un inhalateur ou de substituer celui-ci, les prestataires de soins de santé doivent tenir compte de l’efficacité du médicament, des préférences de la personne, de l’adhésion thérapeutique de celle-ci, des coûts et du profil d’effets secondaires. Une approche de prise de décision partagée doit être employée et la décision doit aussi être guidée par les avantages environnementaux des options de rechange aux aérosols-doseurs émetteurs de gaz à effet de serre puissants. Recommandation #8.
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Ne prescrivez pas d’aérosols doseurs émetteurs de gaz à effet de serre puissants contre l’asthme ou la MPOC si un autre inhalateur à l’empreinte carbone inférieure (p. ex., inhalateur de poudre sèche, inhalateur brumisateur ou aérosol doseur avec un gaz propulseur à faible potentiel d’effet de serre) contenant des médicaments au même profil d’efficacité est accessible, si la préférence de la personne a été prise en compte et si elle a fait preuve d’une technique adéquate.
Les thérapeutes respiratoires sont souvent en position de recommander des traitements respiratoires à un éventail de personnes autorisées à prescrire des médicaments (p. ex., équipes de soins primaires). Le système de santé canadien est un important contributeur aux émissions totales de gaz à effet de serre et d’autres polluants du Canada. Les aérosols doseurs pressurisés (ADP), lorsqu’on prend leur effet cumulatif, contribuent aux émissions de gaz à effet de serre du système de santé par leur utilisation d’hydrofluorocarbures comme agents de propulsion. Si un inhalateur est nécessaire, celui qui permet la meilleure maîtrise des symptômes de la personne malade, qui réduit le mieux les exacerbations et qui correspond aux préférences et aux capacités de la personne doit être recommandé. Si plus d’une option d’inhalateur répond à ces critères, l’option à l’empreinte carbone la plus faible devrait être utilisée.
Pour certaines personnes, les ADP peuvent être la meilleure option d’administration du médicament (p. ex., les personnes qui ont un essoufflement aigu, qui présentent des limites physiques ou cognitives et les jeunes enfants). Au sein d’une équipe de soins, les thérapeutes respiratoires devraient participer aux processus de prise de décision partagée tenant compte des résultats pour la personne malade et des effets environnementaux. Selon les recommandations canadiennes et internationales, la confirmation objective de l’obstruction des voies respiratoires et une maîtrise optimisée de la maladie (p. ex., par des agents de maîtrise, par de la formation, par des plans d’action, par l’évitement des déclencheurs) est importante et ne doit pas être négligée, puisqu’elle peut améliorer les résultats pour la personne malade et réduire la dépendance aux inhalateurs de secours. Recommandation #8.
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N’effectuez pas d’examens d’imagerie, d’analyses sérologiques ou de tests génétiques sans d’abord avoir vérifié si des résultats antérieurs sont disponibles et en avoir tenu compte.
En plus d’accroître les coûts des soins de santé et le nombre de prélèvements sanguins chez la patientèle, les tests diagnostiques redondants pour les maladies rhumatismales ajoutent des émissions de carbone par le prélèvement et le traitement des échantillons et l’utilisation de l’équipement. Au-delà des tests eux-mêmes, les émissions générées par les déplacements de la patientèle et des échantillons (y compris, pour certains tests, entre les établissements, les provinces ou les pays) s’ajoutent aussi à l’empreinte carbone. Les prestataires de soins de santé qui prescrivent ces tests doivent donc tenir compte de la fiabilité et de la validité des résultats antérieurs ainsi que de l’évolution clinique de la patiente ou du patient pour déterminer si la reprise est justifiée. Recommandation #10.
Comme il arrive que l’on reprenne les tests lorsque les résultats de ceux effectués ailleurs ne sont pas facilement accessibles, l’intégration du dossier médical électronique à l’ensemble des systèmes pour faciliter la récupération rapide de ces résultats permettrait de limiter les reprises redondantes sans alourdir le fardeau administratif des prestataires de soins de santé. Dans le cadre d’un système de santé unique, des algorithmes d’analyse pourraient aussi prévenir la reprise de tests par inadvertance. Recommandation #11.
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Employés selon les directives du fabricant, les flacons multidoses d’anesthésiques comme la lidocaïne ou la bupivacaïne peuvent être utilisés sans danger. Il faut indiquer sur le flacon la date de la première ponction, désinfecter la zone de ponction avec un tampon d’alcool à 70 % et laisser sécher. On doit également utiliser une nouvelle aiguille et seringue et garder le flacon hors de la zone de traitement et à température ambiante. Les flacons devraient être jetés conformément aux directives du fabricant (habituellement dans les 28 jours) ou de la province, selon la durée la plus courte. Recommandation #6.
Sources :
About Choosing Wisely Canada
Choosing Wisely Canada is the national voice for reducing unnecessary tests and treatments in health care. One of its important functions is to help clinicians and patients engage in conversations that lead to smart and effective care choices.
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Twitter: @ChooseWiselyCA
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CASCADES
CASCADES a développé des ressources pour soutenir la durabilité environnementale dans la pratique.
CASCADES
Un guide clinique sur les inhalateurs au Canada (en anglais).
Société canadienne de rhumatologie
Soins de santé durables : un guide de mise en œuvre pour les rhumatologues (en anglais).
Peace Health Ontario
Un guide sur la gestion environnementale en unité de soins intensifs.