Dentisterie en milieu hospitalier
L’Association canadienne des dentistes en milieu hospitalier Dernière mise à jour : Juillet 2022
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Pour la douleur dentaire postopératoire, il faut optimiser la dose et la fréquence des analgésiques non opioïdes (ibuprofène, acétaminophène ou les deux). Si cela ne suffit pas pour soulager la douleur, on peut envisager le recours à un opioïde. Si un analgésique opioïde est approprié, limiter si possible le nombre de comprimés servis et expliquer l’utilisation et la mise au rebut correctes de ce type d’agents. Servir les ordonnances au jour le jour et opter pour une prescription différée sont des stratégies utiles pour une utilisation appropriée des opioïdes.
Sources :
Bailey E, et al. Ibuprofen and/or paracetamol (acetaminophen) for pain relief after surgical removal of lower wisdom teeth. Cochrane Database Syst Rev. 2013 Dec 12;(12):CD004624. PMID : 24338830.
Haas DA. An update on analgesics for the management of acute postoperative dental pain. J Can Dent Assoc. 2002 Sep;68(8):476-82. PMID : 12323103.
Ressource connexe :
Gérer la douleur après l’extraction des dents de sagesse : réponses à vos questions. https://www.ismp-canada.org/download/OpioidStewardship/WisdomTeethRemoval-FR.pdf.
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La pulpite irréversible ou l’odontalgie survient lorsque les tissus mous et les nerfs de la dent (la pulpe dentaire) sont endommagés par une carie, un traumatisme ou une grosse obturation. C’est l’inflammation de la pulpe et des tissus entourant la racine qui cause l’intense douleur, et non une infection. Par conséquent, les antibiotiques ne soulageront pas la douleur, et leur utilisation est déconseillée. Pour traiter cette affection, il faut enlever la pulpe dentaire endommagée ou malade, soit en effectuant un traitement de canal ou en extrayant la dent. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont le meilleur moyen de soulager une douleur dentaire inflammatoire.
L’abcès dentaire aigu est une infection localisée, qui survient lorsqu’une infection de la pulpe dentaire n’est pas traitée. Le traitement de canal ou l’extraction de la dent, avec drainage de l’abcès, sont nécessaires pour éliminer les tissus infectés. Les antibiotiques ne procurent aucun avantage supplémentaire. En cas de complications systémiques (p. ex., fièvre, atteinte des ganglions lymphatiques ou propagation de l’infection) ou si le patient est immunodéprimé, on peut prescrire des antibiotiques en plus de drainer l’abcès. Quand on a recours aux antibiotiques, il faut envisager des stratégies telles que la prescription différée ou abrégée, avec réévaluation pour réduire le risque de résistance aux antibiotiques.
Sources :
Agnihotry, A. et coll. Antibiotic use for irreversible pulpitis. Base de données des révisions systématiques Cochrane. Le 17 février 2016; vol. 2 : CD004969. PMID : 26886473.
American Dental Association. Antibiotics for Dental Pain and Swelling Guideline.
Cope AL, Francis N, Wood F, Chestnutt IG. Systemic antibiotics for symptomatic apical periodontitis and acute apical abscess in adults. Base de données des revues systématiques Cochrane. Le 27 septembre 2018; vol. 9, no 9 : CD010136. PMID : 30259968.
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Les infections des implants orthopédiques sont peu fréquentes, et elles sont rarement causées par des bactéries présentes dans la bouche. Même si des interventions dentaires, comme les extractions, peuvent provoquer des bactériémies transitoires, la plupart des bactériémies d’origine buccale sont dues à des activités de la vie quotidienne, dont le brossage des dents, le passage de la soie dentaire et la mastication. Rien ne prouve que l’administration d’antibiotiques avant une intervention dentaire prévienne les infections des prothèses articulaires. Les patients ne devraient pas être exposés aux effets indésirables des antibiotiques alors qu’il n’existe aucune preuve que ces derniers sont bénéfiques.
Il n’existe pas de preuve convaincante que les bactéries buccales libérées lors d’une intervention dentaire peuvent causer une infection des dispositifs suivants : stimulateur cardiaque, défibrillateur interne, dérivation ventriculocardiaque ou ventriculopéritonéal, dispositif d’occlusion pour la persistance du canal artériel, dispositif de fermeture pour la communication interauriculaire et interventriculaire, endoprothèse vasculaire périphérique, greffon vasculaire, shunt pour hémodialyse; endoprothèse coronaire, patch parotidien en Dacron et cathéter veineux central à demeure.
Sources :
L’antibioprophylaxie chez le porteur d’un implant orthopédique subissant une intervention dentaire : efficacité clinique, innocuité et lignes directrices. Ottawa (Ont.) : Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé. Le 17 février 2016.
Baddour LM, Bettmann MA, Bolger AF, Epstein AE, Ferrieri P, Gerber MA, Gewitz MH, Jacobs AK, Levison ME, Newburger JW, Pallasch TJ, Wilson WR, Baltimore RS, Falace DA, Shulman ST, Tani LY, Taubert KA; AHA. Nonvalvular cardiovascular device-related infections. Circulation. Le 21 octobre 2003; vol. 108, no 16 : p. 2015-2031. PMID : 14568887.
Hong CH, Allred R, Napenas JJ, Brennan MT, Baddour LM, Lockhart PB. Antibiotic prophylaxis for dental procedures to prevent indwelling venous catheter-related infections. Am J Med. Décembre 2010; vol. 123, no 12 : p. 1128-1133. PMID : 20961528.
Sollecito TP, Abt E, Lockhart PB, Truelove E, Paumier TM, Tracy SL, Tampi M, Beltrán-Aguilar ED, Frantsve-Hawley J. The use of prophylactic antibiotics prior to dental procedures in patients with prosthetic joints: Evidence-based clinical practice guideline for dental practitioners–a report of the American Dental Association Council on Scientific Affairs. J Am Dent Assoc. Janvier 2015; vol. 146, no 1 : p. 11-16.e8. PMID : 25569493.
Sutherland, S. Science over dogma: Dispelling myths about dental antibiotic prophylaxis for patients with total joint replacements. Ontario Dentist. Janvier-février 2018 : p. 20-25.
Information connexe :
Déclaration de consensus : Patients ayant subi une arthroplastie totale et nécessitant une intervention dentaire.
Wilson, W.R. et coll., Prevention of Viridans Group Streptococcal Infective Endocarditis: A Scientific Statement From the American Heart Association. Circulation. 2021; vol. 143, no 20 : p. e963-978. PMID : 33853363.
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Les radiographies dentaires et autres modalités d’imagerie sont des outils indispensables pour diagnostiquer et suivre l’évolution des troubles bucco-faciaux et des maladies dentaires. La décision de prescrire une épreuve d’imagerie est prise au cas par cas, en fonction des antécédents médicaux et dentaires, des signes cliniques et de l’évaluation des risques; il ne faut pas les prescrire d’emblée.
Sources :
American Dental Association and U.S. Food and Drug Administration. The Selection of Patients for Dental Radiographic Examinations 2012.
Association dentaire canadienne. Position de l’ADC – Le contrôle de l’exposition aux rayons X en dentisterie.
Ressource connexe :
Image Gently. http://www.imagegently.org/Procedures/Dental
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Les restaurations dentaires (obturations) s’abîment à cause d’une usure excessive, de fractures du matériau ou de la dent, d’une perte de rétention orthodontique ou de caries fréquentes. Plus grande est la surface restaurée ou plus nombreuses sont les obturations, plus le risque de détérioration est élevé. La durabilité des matériaux d’obturation varie et ils peuvent se détériorer pour différentes raisons, mais leur durée d’existence ne devrait pas être un critère de remplacement. Utiliser la fraise pour retirer et remplacer les obturations peut affaiblir les dents. Si possible, il est préférable de réparer les petits défauts plutôt que de remplacer une obturation au complet; cela peut préserver la structure de la dent et prolonger la durée de vie des obturations à moindre coût.
Les amalgames utilisés pour les restaurations dentaires libèrent de petites quantités de mercure. La gestion rigoureuse des déchets de mercure en dentisterie est obligatoire au Canada. Des essais cliniques randomisés montrent que le mercure des amalgames dentaires ne cause pas de maladies. Si la restauration est par ailleurs encore fonctionnelle, son retrait est inutile et coûteux, en plus d’exposer la personne à une plus grande quantité de mercure que si elle est laissée en place. De plus, on sait que l’installation d’obturations en résine composite augmente temporairement les taux urinaires de bisphénol A, une substance dont on ne connaît pas les effets sur la santé. Des données probantes de grande qualité semblent indiquer que les résines composites sont moins durables que les restaurations faites d’amalgames.
Sources :
Blum IR et coll. Factors influencing repair of dental restorations with resin composite. Clin Cosmet Investig Dent. Le 17 octobre 2014; vol. 6 : p. 81-87. PMID : 25378952.
Association dentaire canadienne. Position de l’ADC – L’amalgame dentaire 2005, révisé en 2014, 2021.
Les amalgames dentaires comparés aux résines composites pour la restauration dentaire. Évaluations des technologies de la santé. Ottawa : ACMTS. Mars 2018.
Gordan VV et coll. Alternative treatments to replacement of defective amalgam restorations: results of a seven-year clinical study. J Am Dent Assoc. Juillet 2011; vol. 142, no 7 : p. 842-849. PMID : 21719808.
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Les dentistes sont tenus de fournir des services en respectant les directives provinciales émises par la santé publique. Lorsque ces directives interdisent les visites non essentielles chez le dentiste, les soins urgents doivent néanmoins être prodigués pour soulager la douleur et traiter les infections. Il faut fournir les services dentaires essentiels pour éviter de causer du tort aux patients en retardant leurs soins, mais en veillant à protéger les patients et le personnel de la clinique. Les soins englobent la stabilisation provisoire du problème dentaire, la réduction des interventions générant des aérosols, et l’utilisation d’EPI et autres mesures de PCI conformément aux directives des instances et des régulateurs provinciaux de santé publique. Il faut établir des stratégies pour faire le suivi des patients dont les rendez-vous ont été annulés ou reportés.
Sources :
Banakar M, Bagheri Lankarani K, Jafarpour D, Moayedi S, Banakar MH, MohammadSadeghi A. COVID-19 transmission risk and protective protocols in dentistry: a systematic review. BMC Oral Health. Le 8 octobre 2020; vol. 20, no 1 : p. 275. PMID : 33032593.
Kranz AM, Gahlon G, Dick AW, Stein BD. Characteristics of US Adults Delaying Dental Care Due to the COVID-19 Pandemic. JDR Clin Trans Res. Janvier 2021; vol. 6, no 1 : p. 8-14. PMID : 32985322.
Meng L, Hua F, Bian Z. Coronavirus Disease 2019 (COVID-19): Emerging and Future Challenges for Dental and Oral Medicine. J Dent Res. Mai 2020; vol. 99, no 5 : p. 481-487. PMID : 32162995.
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Les soins virtuels réduisent l’exposition des patients et du personnel au virus de la COVID-19 et à ses variants. Ils permettent aux patients d’éviter les foules et les déplacements inutiles, et favorisent les mesures de distanciation physique dans les cliniques, les hôpitaux et autres établissements. De plus, le mode virtuel permet un accès plus rapide aux soins, surtout en présence de facteurs défavorables, comme la distance, l’invalidité ou la fragilité.
Pour plusieurs types de problèmes dentaires, le mode virtuel ne peut pas remplacer l’examen physique en personne. Les soins en personne resteront nécessaires pour les patients dont l’état est instable ou se détériore. Les soins virtuels pourraient ne pas convenir aux patients qui ont une piètre littératie numérique ou qui n’ont pas accès à la technologie requise.
Pour fournir des soins virtuels efficaces, il faut mettre en place une infrastructure appropriée, veiller à la rémunération des professionnels, protéger les renseignements personnels et préparer adéquatement le patient.
Sources :
Association médicale canadienne (AMC). Guide sur les soins virtuels. 2020.
Greenhalgh T, Wherton J, Shaw S, Morrison C. Video consultations for covid-19. BMJ. Mars 2020. Vol. 12 : p. 368 :m998. PMID : 32165352.
Greenhalgh T, Koh GCH, Car J. Covid-19: a remote assessment in primary care. BMJ. Mars 2020. Vol. 25 : p. 368 :m1182. PMID : 32213507.
Monaghesh E, Hajizadeh A. The role of telehealth during COVID-19 outbreak: a systematic review based on current evidence. BMC Public Health. 1er août 2020; vol. 20, no 1 : p. 1193. PMID : 32738884.
Robiony M, Bocin E, Sembronio S, Costa F, Arboit L, Tel A. Working in the era of COVID-19: An organization model for maxillofacial surgery based on telemedicine and video consultation. J Craniomaxillofac Surg. Avril 2021; vol. 49, no 4 : p. 323-328. PMID: 33581957.
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La résistance aux antibiotiques a augmenté à cause de leur utilisation de plus en plus répandue au cours des ans. Il s’agit d’une menace importante pour la santé à l’échelle du globe. L’utilisation à mauvais escient des opioïdes est aussi devenue un grave problème depuis quelques années. Durant une phase de la pandémie où seuls les soins dentaires « essentiels » sont autorisés ou conseillés, il peut être nécessaire de prescrire des antibiotiques ou des analgésiques sans avoir examiné le patient en personne. Pour la gestion urgente d’une nouvelle infection ou douleur dentaire, si la situation n’est pas résolue après un premier cycle de traitement, il faut réexaminer le patient afin de fixer les prochaines étapes.
Sources :
Palmer NOA, Seoudi N. The effect of SARS-CoV-2 on the prescribing of antimicrobials and analgesics by NHS general dental practitioners in England. Br Dent J. Janvier 2021 PMID : 33479515.
Shah S, Wordley V, Thompson W. How did COVID-19 impact on dental antibiotic prescribing across England? Br Dent J. Novembre 2020; vol. 229, no 9 : p. 601-604. PMID: 33188343.
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Un groupe de travail constitué de dentistes membres de l’ACDH détenant à la fois une expérience de travail en milieu hospitalier et en cabinet privé et représentant une diversité de régions, de genres et d’âges a été créé. Il a passé en revue la liste de l’American Dental Association (ADA) pour la campagne Choosing Wisely afin d’en sélectionner les éléments pertinents, et s’est penché sur les enjeux considérés particulièrement importants. Une liste de 25 recommandations a été générée à l’aide d’un processus itératif, puis examinée; les répétitions ont été éliminées (beaucoup de recommandations revenaient plus d’une fois ou se recoupaient), et le groupe s’est entendu sur le contenu de la liste définitive, qui contient huit recommandations. La liste provisoire a été envoyée à tous les membres de l’Association canadienne des dentistes en milieu hospitalier ainsi qu’à 17 organisations dentaires et associations de spécialistes canadiennes, qui ont été invités à émettre leurs commentaires. La liste finale a été révisée et approuvée par le conseil d’administration de l’Association canadienne des dentistes en milieu hospitalier en 2018.
La liste a été mise à jour par le groupe de travail de l’ACDH en 2021 sur la base des commentaires formulés par les membres de l’ACDH et de son conseil d’administration. Les recommandations en lien avec la COVID-19 ont été ajoutées pour refléter les changements imposés à la pratique de la dentisterie par la pandémie.
Utilisation judicieuse des antibiotiques en soins primaires
A campaign to help primary care clinicians use antibiotics wisely in practice.
Prescrire des opioïdes avec soin
Cette campagne vise à réduire les préjudices associés à la prescription d’opioïdes en encourageant les discussions ré échies entre les professionnels de la santé et les patients.