Recommandation no 12 de Choisir avec soin Canada : Ne demandez pas d’analyses sanguines de dépistage chaque année, sauf si le profil de risque de la personne l’exige.

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Scénario clinique : Une personne âgée de 55 ans se présente pour une vérification régulière de la pression artérielle. Sa pression artérielle est bien maîtrisée, elle se sent bien et ne présente aucun nouveau symptôme. À la fin de la consultation, un hémogramme préventif est indiqué, malgré l’absence de raison clinique claire. La personne accepte toutefois de le passer, sous prétexte qu’il s’agit d’une approche proactive face à sa santé.

Quelques jours plus tard, les résultats de laboratoire reviennent et révèlent une numération leucocytaire légèrement anormale. On estime alors qu’un suivi est requis, même si le cas est probablement bénin. Au cours de l’appel téléphonique, la personne pose ses questions et exprime ses inquiétudes. On la rassure et on demande de répéter les tests « par précaution ». Cela peut conduire à l’orientation vers un ou une spécialiste, ou à la demande d’autres tests inutiles, ce qui nécessite plus de temps et de ressources, non pas en raison d’une maladie, mais bien à cause d’un test initial sans justification médicale évidente.

La personne, qui avait pris un congé de travail pour la consultation initiale, doit maintenant s’adonner à d’autres rendez-vous et appels pendant ses heures de travail, ce qui génère du stress et perturbe inutilement sa semaine. Elle a sûrement passé du temps à se faire du souci pour rien.

Bien que ces événements isolés semblent brefs, les démarches inutiles qui en découlent finissent par s’accumuler avec le temps. Dans une clinique de 10 professionnelles et professionnels de la santé, le fait d’éviter les hémogrammes préventifs en l’absence d’indication clinique claire permettrait de gagner jusqu’à 20 jours par année; du temps qui pourrait être consacré à des soins pertinents et à la réponse aux besoins qui nécessitent réellement une attention clinique. Ce temps pourrait notamment être utilisé pour offrir plus de rendez-vous pour répondre aux besoins complexes, favoriser les soins en équipe, faire des suivis sur les problèmes de santé mentale ou améliorer l’accès dans les communautés mal desservies.