Dr John Crosby

Juin 12, 2017 - Profils

Foire aux questions avec le Dr John Crosby sur la réduction de l’utilisation des antipsychotiques pour les symptômes comportementaux et psychologiques de démence.

Dr John Crosby

Juin 12, 2017 - Profils

Foire aux questions avec le Dr John Crosby sur la réduction de l’utilisation des antipsychotiques pour les symptômes comportementaux et psychologiques de démence.


Recommandation 12 en psychiatrie : N’utilisez pas d’antipsychotiques comme intervention de première intention pour traiter les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence. Recommandation 4 de la Société canadienne de gériatrie : N’utilisez pas d’antipsychotiques comme intervention de première intention pour traiter les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence.
Comment avez-vous mis en œuvre ces recommandations dans votre pratique? Pour réduire le nombre de prescriptions d’antipsychotiques, mon équipe et moi avons conçu un plan. D’abord, nous avons demandé aux infirmières du Programme ontarien de soutien en cas de troubles de comportement dans chaque centre de soins de longue durée d’essayer des interventions non pharmacologiques (p. ex. orienter ailleurs les patients cherchant à se sauver, calmer les patients par des activités, de la musique et des passe-temps). Nous nous sommes assurés que les comportements tels que les cris et les agressions verbales et physiques n’étaient pas attribuables à des problèmes comme la constipation, la pneumonie, des infections des voies urinaires ou de la douleur causée par l’arthrose. Nous avons ensuite passé en revue les dossiers de tous les patients qui prenaient des antipsychotiques et nous avons choisi les patients qui, selon nous, pouvaient s’en passer. Sur une période de 4 semaines, nous avons sevré progressivement de nombreux patients de leurs antipsychotiques. Avec certains patients, nous avons essayé des analgésiques, même s’il n’y avait pas de douleurs apparentes. Cette démarche a aidé ceux qui n’étaient pas capables de nous exprimer ce qu’ils ressentaient. Notre processus hebdomadaire actuel se déroule comme suit : le pharmacien fournit la liste des médicaments qu’utilise le patient; l’infirmière (qui connaît personnellement le patient) indique si elle croit qu’une diminution lente et progressive pourrait fonctionner; nous prenons collectivement une décision; puis, nous commençons à mettre en pratique les modifications comportementales nécessaires. Dans les soins de longue durée, il existe évidemment des pressions pour administrer des sédatifs; il est dangereux de ne pas donner de médicaments aux patients qui peuvent infliger des blessures aux autres ou à eux-mêmes. Nous avons mis en œuvre cette recommandation de Choisir avec soin au moyen de modifications comportementales et en confiant aux patients des tâches intéressantes. Aujourd’hui, seulement 20 % de notre population de patients utilisent des antipsychotiques. Comment avez-vous intégré les principes de Choisir avec soin dans votre relation avec les patients? La gestion du temps est essentielle. En tant que médecins, nous sommes tentés de choisir ce qui est le plus rapide et le plus facile quand nous sommes pressés, comme rédiger une ordonnance ou prescrire un examen. Il faut plus de temps pour expliquer pourquoi une intervention est inutile et discuter des risques et des bienfaits. Les médecins prescrivent à l’excès et font des choix peu judicieux en raison des pressions exercées pour plaire aux patients. Je fais 3 visites par semaine, à 9 heures (et non à l’heure des repas). Cet horaire me permet de gagner du temps, parce que je peux diagnostiquer rapidement les maladies, lorsqu’elles sont plus faciles à traiter. Je délègue mes réunions et m’assure que les questions des familles sont médicalement pertinentes. Je passe en revue les médicaments de mes patients pour m’assurer qu’ils sont appropriés à leurs problèmes, et je travaille avec les familles et prend avec elles les décisions. Je n’entreprends pas les batailles que je ne pourrai pas gagner. Dès la troisième journée de visites, les besoins médicaux immédiats des patients ont été satisfaits, les familles ont été impliquées et les besoins des infirmières sont pris en compte. Que signifie pour vous Choisir avec soin en tant que médecin de famille? Choisir avec soin concerne les soins de santé nécessaires, mais c’est aussi une question de conversations. Au fil des années, j’ai appris par essais et erreurs l’art de communiquer. J’essaie d’inculquer mes connaissances aux plus jeunes médecins en les invitant aux rencontres avec les familles et en leur montrant comment parler avec elles. Chaque famille est différente, et les conversations doivent tenir compte de ces différences. J’explique aux familles que Choisir avec soin est dirigé par des experts et je suis ces conseils aussi pour moi-même. Pour moi, Choisir avec soin reflète l’évolution de la médecine. J’ai toujours prescrit un électrocardiogramme lors de l’examen médical annuel de mes patients, comme je l’ai appris à la faculté; toutefois, les recommandations fondées sur des données probantes de Choisir avec soin m’ont fait réaliser qu’il était temps de repenser les choses. La façon qu’on a toujours eue de faire les choses n’est pas nécessairement correcte. Nous devons tous faire preuve d’ouverture aux changements dans la pratique.   Cet article a d’abord été publié dans Le médecin de famille canadien. L’entrevue a été préparée par la Dre Kimberly Wintemute, coresponsable des soins de premier recours, et Hayley Thompson, coordonnatrice de projet, pour la campagne Choisir avec soin.